Répondre aux enjeux de compétences dans la transition écologique des entreprises

La transition écologique n’est pas seulement une révolution industrielle, c’est une révolution des compétences.

Elle bouleverse nos modèles économiques, industriels et sociaux à une vitesse inédite. Réglementations environnementales plus strictes, nouvelles attentes des consommateurs, mutations technologiques…

Pour rester compétitives, les entreprises n’ont d’autre choix que d’adopter des pratiques plus durables et d’innover en permanence. Mais une transformation de cette ampleur ne repose pas uniquement sur des technologies ou des stratégies économiques : elle exige avant tout une montée en compétences massive des salariés.

Le problème ? Les entreprises sont encore loin d’être prêtes.

Selon une étude du World Economic Forum, près de 40 % des travailleurs devront développer de nouvelles compétences d’ici 2030 pour répondre aux exigences d’une économie bas carbone.

Or, la plupart des secteurs industriels peinent à recruter des profils qualifiés dans les métiers émergents de la transition écologique : ingénieurs en énergies renouvelables, experts en efficacité énergétique, gestionnaires de l’économie circulaire, spécialistes de la RSE…

Le manque d’anticipation coûte cher : retards dans les projets de transformation, perte de compétitivité, tensions sur le recrutement, voire délocalisation des emplois verts vers des pays mieux préparés. Face à cette situation, les entreprises doivent impérativement cartographier leurs besoins en compétences, former leurs collaborateurs et intégrer ces nouveaux enjeux dans leur stratégie RH.

Quels sont les métiers les plus impactés par la transition écologique ? Comment les entreprises peuvent-elles s’adapter à ces nouveaux besoins et assurer la montée en compétences de leurs équipes ? Dans cet article, nous décryptons les défis et les solutions concrètes pour réussir cette transformation.

Une mutation des activités et des métiers : l’écologisation du travail, un bouleversement incontournable

La transition écologique ne se limite pas à des ajustements réglementaires ou à des innovations technologiques. Elle redéfinit en profondeur la manière dont nous travaillons, et ce, dans tous les secteurs.

En 2019, 10 % des salariés en France rapportaient que leurs missions avaient évolué sous l’effet des normes environnementales (source : Ministère du Travail). Ce chiffre, en constante augmentation, illustre un phénomène global : l’ »écologisation » du travail, qui impacte aussi bien les métiers 100 % dédiés à l’environnement (emplois verts) que ceux qui intègrent progressivement des pratiques plus durables (emplois verdissants).

📌 Les industries les plus touchées ? Elles sont nombreuses, et certaines connaissent déjà des transformations radicales :

  • Le secteur du bâtiment : L’essor des matériaux bas carbone et des techniques de construction éco-responsables impose aux conducteurs de travaux, architectes et artisans de repenser totalement leurs pratiques. Isolation biosourcée, énergie renouvelable, gestion optimisée des déchets de chantier… Les compétences techniques doivent évoluer rapidement.
  • Le commerce alimentaire : Les vendeurs ne se contentent plus de proposer des produits ; ils deviennent des éducateurs environnementaux, sensibilisant les consommateurs aux enjeux du circuit court, de l’agriculture biologique et de la réduction des emballages.
  • L’industrie automobile et la mobilité : La fin programmée des moteurs thermiques et l’essor des véhicules électriques imposent une révolution des compétences, aussi bien dans la conception des véhicules que dans leur maintenance.
  • La finance et la comptabilité : L’essor des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) oblige les analystes financiers et comptables à intégrer des indicateurs de durabilité et à adapter leurs outils d’évaluation des risques.

En clair : aucun secteur n’échappera à cette transformation. Et la question clé pour les entreprises n’est plus de savoir si elles doivent adapter leurs métiers à la transition écologique, mais comment elles vont s’y prendre pour former leurs équipes et rester compétitives.

Les défis de la formation et de l’adaptation : un enjeu clé pour réussir la transition écologique

Un des principaux freins à la transition écologique n’est ni technologique, ni financier : c’est le manque de compétences adaptées. De nouvelles normes, de nouveaux métiers, de nouvelles attentes… Et pourtant, la majorité des formations initiales restent encore inadaptées aux réalités du terrain.

Prenons un exemple concret : l’intégration de normes environnementales comme ISO 14001 (management environnemental) ou HQE (Haute Qualité Environnementale) exige des connaissances pointues en gestion des ressources, en éco-conception et en suivi des performances environnementales. Or, ces savoir-faire ne sont que partiellement abordés dans les cursus classiques des écoles d’ingénieurs, de commerce ou de management. Résultat ? Les entreprises font face à une pénurie de talents formés, ralentissant leurs efforts pour réduire leur empreinte écologique.

Le risque ? Ne pas anticiper ces nouveaux besoins en compétences, c’est prendre le risque de ne pas être conforme aux futures réglementations et de voir ses projets bloqués par manque d’expertise interne.

Former en interne : la clé pour éviter la pénurie de talents

Dans ce contexte, les entreprises doivent prendre les devants en investissant massivement dans la formation continue. Certaines grandes organisations montrent déjà la voie en combinant plusieurs approches :

Mise en place de formations internes adaptées aux enjeux de l’entreprise

  • Développement de modules spécifiques sur la gestion de l’énergie, l’économie circulaire ou l’éco-conception
  • Intégration d’experts environnementaux dans les équipes pédagogiques, comme c’est le cas par exemple pour décarboner les industries.

Certifications et labellisation des compétences

  • Des certifications comme BREEAM, ISO 50001 ou LEED permettent de structurer les efforts et de valider les acquis
  • Certaines entreprises offrent à leurs salariés des formations qualifiantes, valorisables sur le marché du travail

Partenariats avec des organismes spécialisés

  • Des collaborations avec des universités, des écoles d’ingénieurs et des organismes de formation professionnelle (comme l’ADEME en France) permettent de développer des parcours adaptés aux besoins concrets des industries

Une approche innovante ? Les coopératives étudiées dans le rapport de la Dares, par exemple, utilisent des espaces de délibération collective pour croiser enjeux écologiques, conditions de travail et performances économiques. Cette approche permet d’impliquer directement les salariés dans la transformation de leur entreprise et de rendre la formation plus efficace.

Les leviers de la réussite : comment adapter les compétences à la transition écologique ?

Pour réussir leur transition écologique, les entreprises doivent adopter une approche globale intégrant plusieurs éléments clés. Il ne s’agit pas seulement d’une mise en conformité avec les réglementations, mais bien d’une transformation profonde des pratiques, des organisations et des métiers.

1. Une vision stratégique partagée : aligner dirigeants, managers et salariés

Une transition réussie passe avant tout par une implication forte à tous les niveaux de l’entreprise. Il ne suffit pas de fixer des objectifs environnementaux ambitieux : encore faut-il embarquer l’ensemble des collaborateurs dans cette dynamique.

🔹 Rôle des dirigeants : impulser une culture d’entreprise axée sur la durabilité et inscrire la transition écologique au cœur de la stratégie globale.
🔹 Rôle des managers : traduire cette vision en actions concrètes et accompagner la montée en compétences des équipes.
🔹 Rôle des salariés : être moteurs du changement en développant de nouvelles expertises et en adoptant des pratiques plus vertueuses.

Un exemple : dans le secteur du bâtiment, la transition écologique impose de nouvelles normes en matière de performance énergétique et d’éco-construction. Les entreprises qui intègrent ces critères dès aujourd’hui, via une formation adaptée des équipes, s’assurent un avantage concurrentiel face à des concurrents moins réactifs.

2. L’investissement dans les compétences : former pour transformer

La clé du succès ? Miser sur la formation continue et la gestion des talents.

Les transformations écologiques entraînent l’émergence de nouveaux métiers (conseiller en transition énergétique, responsable RSE, ingénieur en hydrogène vert…) et la mutation des métiers existants. Face à cette évolution, les entreprises doivent adopter une approche proactive en matière de formation :

🔸 Cartographier les besoins en compétences : identifier les métiers en tension et les nouveaux savoir-faire à intégrer.
🔸 Miser sur la formation continue : accompagner les salariés dans l’évolution de leur métier grâce à des programmes adaptés.
🔸 Utiliser des outils de gestion des talents : anticiper les besoins en recrutement et développer des parcours de montée en compétences personnalisés.

Un secteur en mutation : le commerce alimentaire. Avec la montée en puissance des circuits courts et du zéro déchet, de nouvelles compétences sont requises : sourcing responsable, gestion des invendus, logistique bas carbone… Les enseignes qui forment leurs équipes à ces enjeux gagnent en compétitivité.

3. La collaboration sectorielle : mutualiser les efforts pour accélérer la transition

Les entreprises ne peuvent pas relever ce défi seules. Les branches professionnelles et les organisations sectorielles ont un rôle clé à jouer pour structurer une offre de formation cohérente et adaptée aux réalités du terrain.

🔹 Des initiatives inspirantes :

  • Dans le BTP, des formations spécialisées émergent pour accompagner les professionnels dans l’adoption des matériaux biosourcés et des techniques de construction passive.
  • Dans l’industrie, des programmes de reconversion permettent aux techniciens de se former aux enjeux de l’efficacité énergétique et de la sobriété carbone.

Cette coopération sectorielle est essentielle pour éviter les pénuries de main-d’œuvre qualifiée et assurer une montée en compétences homogène au sein des filières.

À lire également : Découvrez les travaux de la Dares sur les besoins en compétences liés à la transition écologique et les perspectives pour le marché du travail.

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