Comment passer d’une feuille de route théorique à une transition industrielle réussie

Chaque année, des dizaines de feuilles de route climat sont validées dans les PME et ETI industrielles françaises.

Chaque année aussi, des plans prometteurs s’enlisent :

  • objectifs oubliés,

  • priorités floues,

  • terrain peu impliqué,

  • pilotage en roue libre.

Pas par manque de bonne volonté. Mais parce qu’une feuille de route, si elle reste un objet théorique, ne suffit jamais. C’est le passage à l’action — concret, mesurable, incarné — qui transforme l’entreprise.

Depuis 2021, chez AVP Conseil, nous avons vu ce qui marche et ce qui échoue.

Les trajectoires industrielles qui réussissent partagent toujours les mêmes leviers :

  • une direction qui s’implique vraiment,

  • des équipes terrain embarquées dès le début,

  • des priorités claires et mesurées,

  • un pilotage régulier,

  • et surtout : des résultats visibles, suivis, partagés.

Dans cet article, je vous propose un guide clair pour passer de la feuille de route au plan d’action :

  • Ce qui fait la différence sur le terrain

  • Les étapes concrètes pour ancrer la transition

  • Et les outils pour accélérer sans se disperser

Si vous voulez que votre trajectoire climat ne reste pas un vœu pieux — mais devienne un levier stratégique et opérationnel pour votre entreprise — alors lisez la suite.

La promesse non tenue des feuilles de route industrielles

Ces dernières années, sous la pression croissante des clients, des investisseurs et des nouvelles réglementations (CSRD, taxonomie européenne), les industriels ont massivement produit des feuilles de route climat.

Les chiffres sont connus : plus de 51 % des PME/ETI françaises affichaient en 2024 une trajectoire de décarbonation “formalisée” (source : Bpifrance Le Lab / Caisse des Dépôts). Mais dans le même temps, 80 % des entreprises engagées n’atteignent pas le rythme de réduction attendu pour tenir les objectifs de l’Accord de Paris (source : CDP / Oliver Wyman).

Pourquoi cet écart ? Parce qu’avoir un plan ne suffit pas : ce qui compte, c’est de le faire vivre dans l’entreprise, sur le terrain, dans les décisions, dans les cycles budgétaires.

C’est ce que nous avons observé mission après mission :

👉 Ce n’est pas la qualité du document qui fait la différence.

👉 C’est la façon dont il est porté, incarné, piloté.

Voyons maintenant ce qui fait réussir les trajectoires qui tiennent.

Ce qui fait réussir les trajectoires qui tiennent

Dans les PME et ETI industrielles qui avancent réellement — celles qui transforment leur modèle au lieu de rester dans l’affichage — nous retrouvons toujours les mêmes leviers pour leurs feuilles de route de transition.

Voici les 5 ressorts profonds des trajectoires qui fonctionnent.

1. L’incarnation par la direction

La transition réussit quand elle est portée au plus haut niveau. Pas déléguée à la RSE, ni cantonnée à une direction technique isolée.

Un dirigeant qui incarne sa feuille de route :

  • en parle en comité stratégique,

  • la relie aux priorités business,

  • prend la parole devant les équipes,

  • défend les arbitrages budgétaires associés.

Le climat est un sujet COMEX, ou il n’est rien.

👉 C’est aussi ce que nous défendons dans notre approche gouvernance durable.

2. L’ancrage métier : co-construction avec le terrain

Une trajectoire réussie est co-construite avec les métiers :

  • maintenance,

  • production,

  • supply chain,

  • bureau d’études,

  • RH.

Quand les équipes terrain participent à la construction du plan, elles :

  • se l’approprient,

  • l’enrichissent avec des solutions réalistes,

  • en deviennent les moteurs.

Dans les cas que nous accompagnons, nous mettons toujours en place des groupes de travail transverses dès le diagnostic.

3. La logique de priorisation claire

Ce qui tue un plan climat, c’est la dispersion :

30 actions “sympa”, mais aucune priorisée, aucune réellement suivie.

Les trajectoires qui tiennent sont celles qui hiérarchisent clairement :

  • 2 ou 3 leviers à haut rendement climat,

  • des quick wins pour lancer la dynamique,

  • un socle de transformation à moyen terme.

Une priorisation cadrée, chiffrée, connectée au business.

👉 Cf notre approche ROI & priorisation

4. Un pilotage vivant et adapté au cycle industriel

Le pilotage “à l’année”, trop rigide, ne fonctionne pas dans l’industrie. Les plans efficaces sont pilotés :

  • avec des revues trimestrielles,

  • des KPI intégrés dans les cycles existants (qualité, maintenance, production),

  • une gouvernance agile.

Les comités de pilotage climat que nous animons sont bâtis sur ces logiques : pas de réunion pour la réunion, mais un suivi rythmé par le cycle industriel.

5. Des résultats visibles, mesurés, partagés

Enfin, une trajectoire qui réussit :

  • produit des résultats visibles (ex. tCO₂ évitées, gains énergétiques réels, CAPEX climat engagé),

  • mesure ces résultats avec des indicateurs clairs,

  • et les partage en interne comme en externe.

👉 Les plans qui avancent sont ceux où les progrès climat apparaissent :

  • dans les reporting client,

  • dans les tableaux de bord managériaux,

  • dans la communication RH.

C’est ce qui crée l’adhésion et le mouvement collectif.

De la feuille de route au plan d’action : 5 étapes clés

1. Clarifier l’ambition et le cap climat

Pourquoi c’est fondamental

Avant de définir des actions, il faut savoir ce qu’on vise vraiment. Or, trop de feuilles de route démarrent… sans ambition claire.

On empile des intentions (“réduire nos émissions”, “s’engager pour la planète”), mais on ne définit pas un cap chiffré, lisible et engageant.

Sans cap, pas de priorisation.

Sans cap, pas de levier de mobilisation interne.

Sans cap, pas de base pour mesurer l’avancement réel.

Ce que doit contenir un cap climat utile

  • Un objectif quantifié (ex. : -35 % tCO₂ / tonne produite d’ici fin 2028)

  • Un périmètre clair (scope 1, 2, 3 / sites couverts / produits concernés)

  • Une échéance engageante (ni trop lointaine, ni irréaliste)

  • Un raccord stratégique avec le modèle économique de l’entreprise
    (par exemple : “réduction d’empreinte énergétique intégrée au plan d’investissement usine 2026–2030”)

Comment nous l’ancrons dans nos missions

Chez AVP Conseil, nous structurons cette phase avec :

  • Un diagnostic climat sérieux (bilan GES consolidé)

  • Des ateliers de cadrage DG + métiers

  • Des scénarios d’ambition chiffrés (ex : -15 % / -25 % / -40 %), pour permettre à la direction de choisir un cap aligné business

2. Identifier les leviers à très haut rendement climat

Pourquoi c’est fondamental

Une trajectoire climat réaliste ne cherche pas à “tout faire”. Elle focalise les moyens sur les leviers qui permettront réellement :

  • de réduire massivement les émissions,

  • de sécuriser les transitions critiques (énergie, matière, logistique),

  • de créer des gains compétitifs durables.

Or, dans trop de plans, on voit encore des listes d’actions dispersées, parfois déconnectées des vrais postes émissifs.

Exemple typique : un industriel qui investit dans une flotte hybride… alors que ses fours représentent 60 % de son empreinte énergétique.

Comment identifier les bons leviers

  • Analyser les postes émissifs réels (diagnostic approfondi)

  • Calculer le rendement climat de chaque levier (tCO₂ évitées / € investi / temps déployé)

  • Croiser avec les leviers économiques : où le climat croise la performance business ?

    • Réduction coûts énergie

    • Sourcing durable / sécurisation appro

    • Allongement durée de vie produit

    • Optimisation logistique

Notre méthode chez AVP Conseil

Nous construisons systématiquement une :

  • Matrice impact climat / impact business / faisabilité

  • Grille de hiérarchisation des actions (Quick Wins, Structurants, Transformation)

  • Séquence des actions :

    • Court terme (12 mois)

    • Moyen terme (2–3 ans)

    • Long terme (chantiers lourds / CAPEX > 3 ans)

Cela permet au COMEX et aux métiers d’arbitrer sur des bases solides, et non au feeling.

3. Co-construire avec les équipes métiers

Pourquoi c’est fondamental

Une feuille de route décidée “en chambre” par la direction ou la RSE… ne survit jamais au contact du terrain.

Dans l’industrie, ce sont les métiers — production, maintenance, supply chain, bureau d’études — qui détiennent :

  • la compréhension fine des procédés,

  • la connaissance des contraintes réelles,

  • la capacité d’optimiser au quotidien.

Si on ne les associe pas dès la construction de la trajectoire, on obtient :

  • des actions déconnectées,

  • de la résistance passive,

  • un “plan sur papier” qui ne produit aucun impact terrain.

Une trajectoire efficace est une trajectoire construite AVEC le terrain, pas POUR lui.

Comment co-construire concrètement

  • Organiser des ateliers métiers dès la phase de diagnostic et de cadrage

  • Faire émerger des idées terrain (souvent très efficaces !)

  • Identifier des référents transition dans chaque service ou site

  • Créer un dialogue continu entre direction et opérationnels

  • Remonter les “irritants” et les obstacles réels

Plus la co-construction est précoce, plus la dynamique sera forte au moment de déployer.

Ce que nous mettons en place chez AVP Conseil

Dans toutes nos missions industrielles :

  • Nous menons des entretiens terrain approfondis avec les équipes métiers

  • Nous animons des groupes de travail croisés (production, logistique, QHSE, achats…)

  • Nous intégrons les retours terrain dans les arbitrages — en expliquant les choix retenus ou écartés

  • Nous valorisons les contributions terrain : les équipes deviennent actrices du plan

4. Outiller le pilotage et intégrer aux cycles de décision

Pourquoi c’est fondamental

Le plus gros piège d’une feuille de route climat, c’est de devenir un plan figé, relu une fois par an… puis oublié.

Dans l’industrie, la réalité est rythmée par :

  • les cycles budgétaires,

  • les arbitrages de production,

  • les décisions d’investissement,

  • les pics d’activité et les crises conjoncturelles.

Si le pilotage climat n’est pas intégré dans ces cycles, il est mécaniquement relégué au second plan.

Ce qui n’est pas piloté disparaît.

Comment intégrer efficacement le pilotage

  • Créer un comité de pilotage dédié climat / transition

  • Caler les revues sur les rythmes industriels (mensuel, trimestriel)

  • Intégrer les KPI climat dans les tableaux de bord management

  • Faire remonter les arbitrages nécessaires en COMEX / comité stratégique

  • Anticiper les points d’inflexion (nouveaux contrats, investissements structurants…)

Les outils que nous mettons en place chez AVP Conseil

Nous construisons un dispositif de pilotage :

  • vivant,

  • connecté au réel,

  • et simple à faire vivre.

Concrètement :

  • KPI par action et par levier, suivis en continu

  • Tableaux de bord synthétiques intégrés aux reporting existants (qualité, performance industrielle…)

  • Templates de comité de pilotage (ordre du jour, logiques d’arbitrage)

  • Suivi en “vitesse différenciée” : certaines actions sont suivies tous les mois, d’autres à échéance plus longue

Ce pilotage vivant est la clé pour éviter que le plan ne se déconnecte de l’activité quotidienne.

5. Assurer la transparence interne et externe

Pourquoi c’est fondamental

Dans l’univers post-CSRD, dans un écosystème où les clients grands comptes, les donneurs d’ordres et les investisseurs exigent des preuves de progrès climat, la transparence devient un levier stratégique — pas juste un “plus”.

À l’inverse, le flou ou le silence sur les résultats :

  • affaiblit la crédibilité de la trajectoire,

  • alimente les soupçons de greenwashing,

  • démobilise les équipes terrain.

Ce qui est mesuré et partagé crée de la confiance et de l’engagement.

Comment organiser cette transparence

  • Formaliser des reportings internes clairs : où en sommes-nous ? quels progrès ? quels écarts ?

  • Communiquer régulièrement en interne : ne pas réserver le sujet aux experts climat

  • Produire des reporting synthétiques pour les clients / investisseurs (format attendu dans les questionnaires RSE/ESG)

  • Être capable d’assumer les écarts et de les expliquer : “Voici ce que nous avons atteint, ce qui reste à faire, ce que nous ajustons.”

Ce que nous déployons avec nos clients

Nous aidons les industriels que nous accompagnons à :

  • Créer des formats de communication interne simples et engageants (infographies, newsletters internes, points d’étape en séminaire)

  • Préparer des documents de reporting client compatibles CSRD

  • Construire un récit de trajectoire sincère : pas de storytelling cosmétique, mais une progression crédible, appuyée sur des preuves

👉 Voir nos contenus sur l’alignement communication & trajectoire

La transparence ne fragilise pas. Elle crédibilise.

Et elle mobilise.

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Et si vous souhaitez aller plus loin ou poser vos questions, contactez-nous en direct — je me ferai un plaisir d’échanger avec vous.

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