On parle beaucoup du ZAN — Zéro Artificialisation Nette — mais bien peu en comprennent les ressorts réels.
Derrière les débats sur le mètre carré constructible ou la densification, ce que révèle ce dispositif, c’est une remise en cause profonde de notre rapport à l’espace, au pouvoir local, et au projet de développement.
Le sujet dépasse largement la technique. Il touche aux équilibres territoriaux, à la capacité des élus à agir, à l’accès à la propriété, à la transition écologique, et à ce que nous considérons comme un « bon usage » des sols.
Le ZAN met à nu une tension : comment préserver sans figer, aménager sans bétonner, planifier sans déposséder ?
Chez AVP Conseil, nous ne sommes ni juristes du code de l’urbanisme, ni lobbyistes de l’aménagement durable.
Nous intervenons comme tiers stratégiques pour aider les territoires à clarifier leurs priorités, structurer leurs choix, et dépasser les faux débats.
C’est dans cette perspective que nous avons voulu revenir sur le ZAN : non pas pour l’attaquer ou le défendre, mais pour en faire un révélateur utile.
Sur le papier, l’objectif ZAN est clair : atteindre, d’ici 2050, une artificialisation nette égale à zéro.
Toute surface artificialisée devra être compensée par une désartificialisation équivalente.
Autrement dit, on ne pourra plus étendre une zone d’activités ou construire un lotissement sur des terres agricoles sans “renaturer” ailleurs.
Ce principe, inspiré de la logique de compensation écologique, incarne une ambition forte : reprendre la main sur l’urbanisation, freiner le mitage, et protéger les sols.
Mais dans la pratique, c’est un autre récit qui se déploie. Comme le souligne Éric Charmes dans L’arbre, le maire et le terrain constructible, le ZAN est devenu un symbole clivant, à la croisée des conflits d’usage, des fractures territoriales et des résistances politiques.
Voté dans un large consensus à l’Assemblée nationale (87 % des suffrages exprimés), il a depuis été rongé par les assouplissements successifs — notamment sous l’impulsion du Sénat et de la proposition de loi TRACE (Trajectoire de Réduction de l’Artificialisation Concertée avec les Élus locaux).
Le cœur du malaise est là : le ZAN a été perçu par de nombreux élus comme une reprise en main autoritaire de l’urbanisme par l’État, dans un contexte déjà tendu autour de l’intercommunalité et de la fiscalité locale.
D’autant que la loi a posé des objectifs chiffrés, mais laissé de côté les dimensions qualitatives : quelle artificialisation compte ? Quel type de désartificialisation est légitime ? Un jardin pavillonnaire est-il plus ou moins “naturel” qu’un champ de maïs sous intrants ?
Cette dérive technocratique est d’autant plus problématique qu’elle affaiblit le débat de fond : comment rendre nos modèles d’aménagement compatibles avec la sobriété foncière ? Comment articuler les urgences écologiques et les équilibres sociaux locaux ?
C’est précisément ce que nous défendons chez AVP Conseil : sortir d’un pilotage à la calculette pour remettre en tension les vrais choix de développement.
👉 Nous abordons ces dilemmes de manière plus large dans notre article sur les limites écologiques du développement industriel, où nous posons la question du sens, pas seulement du chiffre.
L’objectif ZAN ne fait pas que restreindre la construction sur des sols naturels ou agricoles.
Il remet en jeu les fondements invisibles de notre organisation territoriale.
En posant la question “où peut-on encore construire ?”, il soulève en réalité un enjeu bien plus vaste : à qui appartient le droit de décider de l’usage des sols, et au nom de quels intérêts.
Comme le montre très bien Éric Charmes, l’artificialisation n’est pas qu’un phénomène écologique, c’est une conséquence directe de mécanismes économiques et sociaux puissants.
Le mitage rural, la dispersion pavillonnaire, les zones commerciales en entrée de ville : tous ces éléments découlent d’un modèle hérité, où le sol est vu comme une ressource économique avant d’être un bien commun écologique.
« Dans les petites communes, il est difficile de résister à la tentation de rendre constructible des terrains agricoles »
Écrit Charmes, rappelant que l’écart de prix entre une terre agricole et un terrain à bâtir peut générer une plus-value de plusieurs centaines de milliers d’euros par hectare.
Dans ce contexte, il est illusoire de croire qu’un décret suffira à faire basculer les logiques locales. Surtout quand les décisions d’aménagement sont encore prises à l’échelle des 35 000 communes françaises, chacune soumise à ses propres dynamiques politiques, foncières et démographiques.
Mais alors, faut-il condamner tout projet d’extension urbaine ?
Non. Ce que révèle le ZAN, c’est la nécessité d’un arbitrage raisonné, aligné sur une vision de territoire : quelles fonctions voulons-nous privilégier ? Quelles activités, quelles formes d’habitat, quelle densité, quels usages du sol sont compatibles avec une trajectoire durable et juste ?
Et surtout : qui décide de ces arbitrages ?
C’est précisément à ce niveau que le rôle d’un cabinet de conseil en transition écologique prend tout son sens. Pas comme apporteur de solutions toutes faites, mais comme tiers facilitateur entre logiques politiques, contraintes techniques, enjeux sociaux et impératifs climatiques.
👉 Ce travail de mise en cohérence, nous l’expliquons en détail dans notre article sur la gouvernance durable dans la transition écologique des entreprises — un levier tout aussi valable pour les collectivités.
L’un des malentendus majeurs autour du ZAN, c’est qu’il serait “contre” les élus locaux.
En réalité, ce n’est pas tant l’objectif écologique qui crispe, que la manière dont il est imposé — dans un climat institutionnel déjà tendu, et avec des règles complexes qui changent sans cesse.
La loi Climat et Résilience prévoit une réduction de moitié de l’artificialisation d’ici 2031, puis une trajectoire vers zéro net en 2050.
Très vite, les territoires se sont vus assigner des quotas par échelon (région, SCoT, PLU), sans que les règles de comptabilisation ne soient stabilisées.
Résultat : des élus perdus dans les décrets, des services techniques débordés, des arbitrages repoussés.
Comme le montre très bien Éric Charmes, ce pilotage “par le haut” a ravivé un ressentiment ancien envers l’État central :
« Le ZAN a été vu comme la goutte de trop dans un processus plus large de mise en cause du pouvoir des communes. »
Et dans les faits, même les mécanismes de compensation posent problème. Quelle équivalence entre la désartificialisation d’un talus et la perte d’un jardin partagé ? Quid d’un champ compacté retourné en friche, mais toujours considéré comme non-artificialisé ? La technocratie environnementale, sans ancrage territorial, finit par décrédibiliser la transition elle-même.
C’est là qu’intervient notre posture chez AVP Conseil : aider les acteurs publics à s’extraire du brouillard réglementaire, à clarifier les marges de manœuvre, et à construire un projet de territoire lisible, juridiquement soutenable et politiquement viable.
👉 Dans notre article sur comment choisir un cabinet de conseil en transition écologique, nous revenons sur ces critères de solidité stratégique face à la complexité.
Plus qu’un simple dispositif réglementaire, le ZAN agit comme un révélateur des limites actuelles du pilotage territorial.
Il met au jour une tension profonde : les collectivités locales sont à la fois sommées de faire mieux, avec moins d’impact environnemental, et de faire seules, avec des moyens amoindris, un cadre mouvant, et des citoyens de plus en plus exigeants.
Dans ce contexte, beaucoup de territoires se retrouvent à bricoler entre deux écueils :
D’un côté, le repli prudent, en limitant tout ce qui pourrait être contesté
De l’autre, la fuite en avant réglementaire, en empilant les études et dispositifs sans capacité de mise en œuvre
Ce que révèle le ZAN, ce n’est pas qu’il faut “plus d’expertise”. C’est qu’il faut un conseil stratégique capable de faire la synthèse, de créer des cadres d’analyse partagés, et de faire converger les parties prenantes autour d’une trajectoire claire.
Et ce conseil ne peut pas être un prestataire parmi d’autres, ni un relais des doctrines centrales. Il doit être capable de questionner les évidences, de reframer les conflits, et d’articuler les choix politiques, techniques et écologiques.
Chez AVP Conseil, c’est exactement cette posture que nous adoptons.
Nous ne sommes ni dans le prêt-à-décider, ni dans la neutralité désincarnée.
Nous accompagnons les territoires pour clarifier les zones de flou, prioriser les bons arbitrages, et reconstruire de la cohérence dans des trajectoires parfois éparpillées.
👉 Dans notre article Pourquoi faire appel à un cabinet de conseil en transition écologique ?, nous revenons en détail sur ce rôle d’interface stratégique.
Ce que nous apportons aux territoires, ce n’est pas un produit.
Ce n’est pas un livrable en plus.
C’est un cadre de décision clair, robuste et partagé, capable de faire tenir ensemble complexité réglementaire, enjeux politiques locaux et impératifs écologiques.
Concrètement, notre accompagnement se déploie autour de trois piliers.
Nous commençons toujours par poser les bonnes questions, avant d’apporter des réponses.
Notre approche du diagnostic ne consiste pas à compiler des données — elle consiste à analyser les tensions systémiques :
Quel est le rapport entre vos projets d’aménagement et les dynamiques agricoles ?
Quels effets induits sur la soutenabilité budgétaire des infrastructures ?
Quelle cohérence entre documents d’urbanisme, ambitions politiques et attentes citoyennes ?
👉 Cette capacité à “reconnecter les points”, on l’illustre dans notre article sur la transition écologique comme défi managérial — car le pilotage des sols, c’est aussi du pilotage humain.
Une fois les tensions identifiées, nous travaillons avec les élus, techniciens, DGS et parties prenantes locales pour construire une vision d’ensemble pilotable. Cela peut prendre la forme de :
Relecture stratégique de SCoT ou PLUi
Mise en débat de scénarios d’artificialisation / désartificialisation
Séminaires de convergence entre services et élus
Animation de controverses territoriales (pépinières, zones d’activités, renaturation, densification…)
Ici, notre rôle est d’activer l’intelligence collective sans naïveté, avec des outils qui permettent de trancher sans fracturer.
👉 Cette logique d’accompagnement au long cours est aussi celle que nous déployons dans l’industrie, par exemple sur la décarbonation industrielle où la complexité est similaire.
Enfin, nous ne laissons jamais un territoire avec un “plan” sans leviers.
Nous intervenons sur la structuration des outils concrets de mise en œuvre :
outils de suivi et d’indicateurs (mais pensés pour être utilisés, pas pour remplir des tableaux)
appui au pilotage intercommunal
accompagnement à la mise en capacité des équipes locales
aide à la priorisation des actions en fonction des marges de manœuvre foncières, politiques, financières
👉 Dans notre page Cabinet de conseil en transition écologique pour les industries chimiques, on montre comment cette logique d’alignement stratégique et opérationnel se décline dans un univers hautement réglementé.
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